Sièges Permanents pour l’Afrique au Conseil de Sécurité de l’ONU : La Proposition Américaine est-elle acceptable ?

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Il y a une demande croissante et une urgence pour améliorer l’efficacité et la capacité des Nations Unies à maintenir la paix et la sécurité internationales. La configuration actuelle du Conseil de sécurité de l’ONU ne reflète pas les réalités géopolitiques d’aujourd’hui. Pour l’Afrique, en particulier, un continent de 1,4 milliard de personnes, avoir des sièges permanents à part entière au CSNU ne vise pas seulement à corriger une injustice historique, mais c’est aussi une question de légitimité et de crédibilité du Conseil.

Les États-Unis viennent d’annoncer leur soutien à la création de deux sièges permanents pour les États africains au Conseil de sécurité des Nations unies, mais ils ont exclu l’extension des Droits de Veto aux nouveaux membres permanents.

L’Afrique accepterait-elle cette offre ?

La position commune actuelle de l’Afrique, connue sous le nom de “Consensus d’Ezulwini“, appelle à deux sièges permanents avec toutes les prérogatives et privilèges de la qualité de membre permanent, y compris le droit de veto, et à cinq sièges non permanents.

Le Droit de Veto a historiquement entravé l’efficacité et l’équité du Conseil dans le traitement des questions de paix et de sécurité internationales. L’Afrique est donc, en principe, favorable à son abolition pour renforcer la fonctionnalité du Conseil. Cependant, si les États membres choisissent de maintenir le Veto, il devrait être étendu à tous les nouveaux membres permanents pour des raisons de justice et d’équité. La réforme du Conseil de sécurité devrait alors envisager soit l’absence du Veto pour tous, soit un Veto pour chaque membre permanent.

Il est donc peu probable que le continent accepte la proposition des États-Unis pour deux sièges permanents sans Droits de Veto. Dans le contexte actuel, une adhésion permanente des pays africains au Conseil sans Droit de Veto serait inutile et sans effet. Cela ressemblerait plutôt à un statut de “membres permanents de deuxième classe”. Certains analystes sur le continent le qualifient de statut ” d’observateurs permanents” au Conseil.

Quels pays peuvent représenter l’Afrique au Conseil de Sécurité ?

Malgré le fait que le Consensus d’Ezulwini stipule que l’Union africaine devrait être chargée de sélectionner les représentants de l’Afrique au Conseil, le continent n’a jusqu’à présent pas réussi à établir les critères de choix des deux candidats africains pour les sièges permanents parmi ses 55 États membres.

Les pays africains doivent s’engager dans un dialogue constructif et une collaboration pour établir des objectifs et critères communs pour le choix des représentants qui serviront au mieux les intérêts du continent.

Il serait important de prendre en compte des facteurs tels que la capacité, l’importance géopolitique, l’expérience diplomatique, la représentation régionale, l’engagement à respecter le droit international et les droits de l’homme, et la capacité à jouer efficacement dans ce système global complexe.

Devrait-on pousser les pays avec de vastes populations et/ou de grandes économies et capacités diplomatiques, comme le Nigeria, l’Égypte, l’Algerie, le Maroc, l’Éthiopie ou l’Afrique du Sud ? Devrait-on réserver un siège pour l’organe continental, l’Union africaine ? Sur ce dernier point, la difficulté sera que l’Union africaine est encore un organe purement intergouvernemental sans autorité supranational. Les États membres conservant leur souveraineté entière et leur pouvoir de décision, et l’UA agit uniquement comme un forum de coordination, de coopération et de consultation entre ses États membres. Le continent a un sérieux travail à faire à ce sujet.

Redevabilité

En délibérant sur sa représentation au CSNU, l’Union africaine doit également envisager de mettre en place un mécanisme de redevabilité pour ses représentants au Conseil de Sécurité . Nous savons comment les jeux de pouvoir, l’influence politique et la pression peuvent influencer les décisions et les votes aux Nations Unies. L’histoire récente nous rappelle qu’en 2011, les trois membres africains non permanents du Conseil de sécurité (Gabon, Nigeria, Afrique du Sud) ont soutenu la Résolution 1973 du CSNU, autorisant les actions militaires de l’OTAN en Libye, malgré les efforts continus de l’Union africaine pour trouver une solution pacifique à la crise. La résolution a été présentée par la France, le Royaume-Uni et le Liban.

Modifier la Charte des Nations Unies

Une modification de la Charte des Nations Unies serait nécessaire pour changer la composition du Conseil. L’article 108 de la Charte des Nations Unies dispose qu’une modification nécessite le soutien de tous les cinq membres permanents (P5) et la majorité des deux tiers des États membres de l’ONU à l’Assemblée générale. Ce ne sera certainement pas un processus facile.

Le prochain Sommet de l’Avenir, qui se tiendra en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, crée une opportunité supplémentaire pour corriger la gouvernance mondiale et de revitaliser le système multilatéral, y compris une réforme équitable du Conseil de sécurité de l’ONU qui prend en compte le besoin urgent de le rendre plus représentatif, inclusif, transparent, efficace, démocratique, crédible et responsable.

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Africa’s Permanent Seats at UN Security Council: Is the United States Proposal Acceptable?

La version en Français ici.

There is a growing demand and an urgency to increase the effectiveness of the United Nations’ abilities to maintain international peace and security. The current configuration of the UN Security Council does not reflect today’s geopolitical realities. For Africa, in particular, a continent of 1.4 billion people, having full permanent seats at the UNSC is not just about redressing a historical injustice. It is also a matter of legitimacy and credibility of the Council.

The United States has just announced its support for creating two permanent seats for African States at the United Nations Security Council (UNSC), but it ruled out extending veto rights to new permanent members.

Would Africa accept this offer?

The current African common position, known as the “Ezulwini Consensus,” calls for two permanent seats with all the prerogatives and privileges of permanent membership, including the right of Veto, and five non-permanent seats.

The veto power has historically hindered the Council’s effectiveness and fairness in addressing global peace and security issues, so Africa is, in principle, in favor of its abolition to enhance the Council’s functionality. However, if member states opt to maintain the veto power, it should be extended to all new permanent members for the sake of fairness and justice. The UNSC reform should then consider either no Veto at all or a Veto for every permanent member.

So, it is unlikely that the continent will accept the United States proposal for two permanent seats without veto rights. Considering the current setting, a permanent membership of African countries at the UNSC without Veto Power is meaningless. It will look more like a “second-class” membership status. Some analysts in the continent see this status as a “Permanent Observer Membership” at the Council.

Which countries to represent Africa?

Despite the Ezulwini Consensus stipulating that the African Union should be responsible for selecting Africa’s representatives in the Security Council, the continent has so far been unable to establish the criteria for choosing the two African candidates for permanent seats among its 55 member states.

African countries must engage in constructive dialogue and collaboration to establish common goals and criteria for selecting representatives who will best serve the continent’s interests.

What factors should determine who represents the African continent? This process may involve considering factors such as capacity, geopolitical importance, diplomatic experience, regional representation, commitment to upholding international law and human rights, and the ability to play within this complex global system effectively.

Should the continent push countries with large populations and/or big economies and diplomatic capacity, such as Algeria, Nigeria, Egypt, Morocco, Ethiopia, or South Africa? Should a seat be reserved for the continental body, the African Union? On the latter, the difficulty will be that the African Union is still a purely intergovernmental body with no supranational authority. Member states maintain their sovereignty and decision-making power, and the AU only acts as a forum for coordination, cooperation, and consultation among its member states. The continent has serious homework to do on this.

Accountability

While deliberating on its representation, the African Union may also consider putting in place an accountability mechanism for its representatives at the UNSC. We know how proxy games, political influence, and pressure can impact decisions and votes at the United Nations. Recent history reminds us that in 2011, all three African non-permanent members of the Security Council (Gabon, Nigeria, South Africa) backed UNSC 1973, authorizing NATO’s military actions in Libya despite the African Union’s ongoing efforts to seek a peaceful solution to the crisis. The resolution was tabled by France, the UK, and Lebanon.

Going forwards…

An amendment to the UN Charter would be needed to change the composition of the Council. Article 108 of the UN Charter states that an amendment requires the support of all Permanent Five (P5) members and a two-thirds majority of UN member states in the General Assembly. This will surely not be an easy process.

The upcoming Summit of the Future, to be held on the margins of the UN General Assembly, creates an additional opportunity to correct global governance and reinvigorate the multilateral system, including a fair reform of the UN Security Council that recognizes the urgent need to make it more representative, inclusive, transparent, efficient, effective, democratic, credible, and accountable.

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