Chers lecteurs,
Je partage avec vous ici, mon exposé introductif du Dialogue intergénérationnel que nous avions organisé à l’occasion de la Journée de l’Afrique 2023, qui a marqué le 60eme anniversaire de la création de l’organisation de l’Unité Africaine (OUA) en 1963, transformée plus tard pour devenir l’Union Africaine (UA).
Dakar, Sénégal le 27 mai 2023.

Distingués invités,
Chers Champions de ONE,
Mesdames et Messieurs,
Au nom de ONE Campaign et ses partenaires co-organisateurs de cet évènement, je vous remercie d’avoir choisi de vous joindre à ce débat de la journée de l’Afrique 2023 qui marque le 60eme anniversaire de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), transformée en Union Africaine (UA).
ONE est un mouvement mondial, faisant campagne et du plaidoyer pour mettre fin à l’extrême pauvreté et aux maladies évitables, en particulier en Afrique.
Nous croyons que la lutte contre la pauvreté n’est pas une question de charité mais de justice et d’égalité.
Qu’il s’agisse de faire pression sur les dirigeants politiques dans les grandes capitales du monde ou, former les jeunes à la citoyenneté responsable, ou encore pour autonomiser les petits exploitants agricoles, ONE fait pression sur les gouvernements pour qu’ils en fassent davantage pour plus de justice sociale.
Les plus de 7 millions de membres, activistes et supporteurs de ONE sont essentiels à ce travail. Ils viennent de tous les horizons. Ce sont des artistes et des militants, des chefs religieux et des chefs d’entreprise, des étudiants, des scientifiques et des citoyens ordinaires.
Ils agissent jour après jour organisant, mobilisant, éduquant et plaidant pour que les populations aient la chance non seulement de survivre, mais aussi de prospérer.
Nos équipes sont à Washington D.C., New York, Ottawa, Londres, Johannesburg, Abuja, Bruxelles, Berlin, Paris, Addis Abeba, Nairobi et bien sûr Dakar.
Nous sommes apolitiques et non partisans.

Mesdames et Messieurs, La rencontre d’aujourd’hui se situe dans le cadre de la Journée de l’Afrique, qui a été célébrée le 25 mai. C’est en effet le 25 mai 1963, il y a donc 60 ans, que l’Organisation de l’Unité Africaine a été créée à Addis Abeba en Éthiopie.
L’OUA a été fondée par les 32 pays qui étaient alors indépendants. Plus tard, les 23 autres nations ont progressivement rejoint le club.
L’OUA était un engagement sans précédent avec pour aspiration la libération politique totale de l’Afrique du colonialisme, l’unité et la solidarité entre ses peuples.
Alors que les principaux objectifs de l’OUA étaient de débarrasser le continent des derniers vestiges de la colonisation et de l’apartheid ainsi que de promouvoir l’unité et la solidarité entre les États africains, la nouvelle Union africaine créée en 2002, vise “une Afrique intégrée, prospère et pacifique, conduite par ses citoyens et représentant une force dynamique sur la scène mondiale“.
La transformation de l’OUA en UA a créé l’espoir pour une plus grande unité et solidarité des pays africains et entre les peuples africains. La volonté de construire une institution centrée sur les citoyens est la principale caractéristique distinctive entre l’Union africaine et l’ancienne Organisation de l’unité africaine, qui était exclusivement axée sur les États.
La journée de l’Afrique devrait être un jour où nous racontons l’histoire de notre continent à nos jeunes générations, l’histoire de nos gloires passées mais aussi les fondements d’un avenir plus radieux.
La Journée de l’Afrique doit aussi être une journée de réengagement envers nos Valeurs Partagées et nos Agendas communs : l’Agenda 2063 de l’UA et l’Agenda 2030 des Nations Unies pour Développement Durable.
L’UA a adopté un ensemble de valeurs partagées centrées sur la démocratie et la bonne gouvernance, l’État de droit et les droits de l’homme, la paix et la sécurité, ainsi que le développement et l’intégration du continent.
La Journée de l’Afrique doit être une journée d’une solidarité africaine renouvelée. Elle doit nous rappeler qu’une partie importante de notre continent est encore, malheureusement dévastée par les conflits injustifiables.
Elle doit nous rappeler que 15 millions de jeunes Africains viennent chaque année sur le marché de l’emploi mais que seulement environ 3 millions d’emplois formels sont créés.
Cette journée doit donc renforcer notre détermination à lutter contre l’extrême pauvreté et toutes les formes d’inégalités et de discriminations en Afrique.
Depuis sa création, l’Union africaine a élevé la barre normative des ambitions de développement socio-économique et démocratique du continent. Mais l’adoption de normes, de traités, de cadres politiques ne suffit pas à elle seule, pour nous mener vers « l’Afrique que nous voulons ». Nous devons tenir nos promesses en mettant effectivement en œuvre ces instruments et en nous tenant régulièrement mutuellement responsables. Il est temps de combler le fossé entre les promesses et la réalité quotidienne de la plupart des citoyens.
On estime à environ 25000 les jeunes Africains qui sont morts ou portés disparus en Mer Méditerranée en tentant de fuir notre continent entre 2014 et 2023. Beaucoup d’autres sont morts dans le désert du Sahara avant même d’atteindre la mer. Pourquoi quittent-ils le continent ?
34 des 54 pays africains sont étiquetés comme « pays les moins avancés », alors que dans le même temps, environ 90 milliards de dollars sortent illégalement du continent par le biais de flux financiers illicites (FFI) selon le rapport Thabo Mbeki.
L’Afrique possèderait plus de 90 % des ressources mondiales en chrome, 85 % de sa platine, 70 % de sa tantalite, 68 % de son cobalt, 54 % de son or, ainsi que d’importantes réserves de pétrole et de gaz. Le continent abrite également des gisements d’uranium, de manganèse, de diamant, de phosphate et de bauxite en très grandes quantités. Il a du bois et d’autres ressources forestières ajoutées à ses vastes terres arables pour l’agriculture.
Aujourd’hui, notre débat tournera autour de la Zone de Libre Échange Continentale Africaine (ZLECAf), et les opportunités qu’elle présente pour la jeunesse en matière d’employabilité.
La ZLECAf, née officiellement en janvier 2021 vise :
- L’élimination progressive des tarifs douaniers et des barrières non tarifaires ;
- L’amélioration de la coopération dans le domaine des obstacles techniques au commerce et des mesures sanitaires et phytosanitaires ;
- Le développement des chaines de valeurs aux niveaux régional et continental
- Le renforcement des traits du développement et l’industrialisation de l’Afrique.
54 des 55 États membres de l’Union Africaine ont signé l’accord de la ZLECAf.
46 pays l’ont ratifié mais, a ce jour, seuls 4 États ont ratifié le traité sur la libre circulation des personnes et des biens.
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pourrait permettre aux pays africains de faire sortir de l’extrême pauvreté 30 millions d’habitants.
L’Afrique pourra enregistrer 450 milliards de dollars de revenu d’ici à 2035, soit une augmentation de 7%.
La mise en œuvre de la ZLECAF permettrait de mener à bien les réformes de fond nécessaires pour stimuler la croissance à long terme dans les pays africains.

Est-ce trop beau pour être vrai ?
Mesdames et messieurs, distingués invités, chers panelistes,
Ce projet est-il trop beau pour être vrai comme se le demandent déjà certains de nos compatriotes Africains ?
Ont-ils des raisons d’y croire ou d’en douter?
Que doivent faire les dirigeants africains pour relever ce défi ?
Avons-nous déjà ce que nous allons échanger au moment où la plupart de nos échanges tournent autour des matières premières et s’effectuent avec le monde extérieur?
Que faire des barrières non tarifaires auxquelles nous faisons face présentement en Afrique ? Les mesures non tarifaires coûteuses, les lacunes en matière d’infrastructures, d’informations sur le marché etc?
Et si les droits de douanes tombent complètement, qu’adviendra-t-il aux petits pays face à ceux qui ont déjà une industrialisation relativement avancée ?
Pourquoi nos pays trainent -ils le pas pour ratifier le traité sur la libre circulation des personnes et des biens, qui fait partie du paquet des accords devant faciliter la mise en œuvre de la ZLECAF ?
Chers panélistes,
Ce sont là juste quelques questions pour anticiper sur le menu du jour.
Sur ce, je nous souhaite un bon débat !
Je vous remercie pour votre attention…
Bonne Journée de l’Afrique et que Dieu bénisse notre continent !!!
