Sommet des Chefs d’État d’Afrique et des Etats-Unis : Quels Enjeux ?

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Le Président Américain Joe Biden organise un sommet avec les chefs d’État et de gouvernement africains à Washington DC du 13 au 15 décembre 2022. Ce sera le deuxième sommet américain avec des dirigeants africains, après celui organisé par le Président Obama en août 2014. 

J’ai eu l’occasion de participer au Sommet de Barack Obama en tant que représentant résident d’Oxfam International auprès de l’Union africaine à l’époque, et j’ai eu à publier mes réflexions ici.

Dans cet article, alors que je me prépare pour prendre part au Sommet de Joe Biden pour le compte de ONE Campaign, j’aimerais partager quelques réflexions personnelles sur les enjeux de cette rencontre imminente. 

Selon la Maison Blanche, le Sommet démontrera l’engagement des États-Unis envers l’Afrique et soulignera l’importance des relations entre les États-Unis et l’Afrique ainsi qu’une coopération poussée sur des priorités mondiales communes. Le sommet des dirigeants américains et africains vise à promouvoir et faire progresser la collaboration entre les États-Unis et l’Afrique sur les priorités mondiales et régionales les plus urgentes.

Sur l’Agenda

Selon la Maison Blanche, le Sommet des leaders d’Afrique et des Etats-Unis  s’appuiera sur les valeurs, communes aux deux continents afin de mieux :

1- Favoriser un nouvel engagement économique

2- Promouvoir la paix, la sécurité et la bonne gouvernance

3- Renforcer l’engagement en faveur de la démocratie, les droits de l’homme et la société civile.

4- Travailler en synergie pour renforcer la sécurité sanitaire régionale et mondiale.

5- Promouvoir la sécurité alimentaire

6- Répondre à la crise climatique

7- Amplifier les liens avec la diaspora

L’importance géopolitique et économique de l’Afrique

De toute évidence, le Sommet sera le reflet de la nouvelle stratégie américaine à l’égard de l’Afrique, qui démontre l’importance cruciale du continent pour relever les défis mondiaux actuels. L’Afrique est un acteur géopolitique clé, qui façonne le présent et l’avenir du monde.

Avec une population à la croissance la plus rapide au monde, la plus grande zone de libre-échange, les écosystèmes les plus diversifiés et étant la plus grande force politique pour les votes aux Nations Unies, l’Afrique est un vaste continent organisé en cinq régions géographiques (Nord, Est, Ouest, Sud, Centre). Les aspirations actuelles du continent sont mis en évidence dans l’Agenda 2063 de l’Union Africaine – L’Afrique que nous voulons, un plan d’action visant à construire un continent intégré, pacifique et prospère qui occupe la place qui lui revient sur la scène mondiale.

L’importance stratégique du continent pour la sécurité et la prospérité régionales et mondiales et le rôle croissant et significatif qu’il joue dans la mise sur pied du système mondial de gouvernance ont fait de l’Afrique un acteur politique incontournable dans les discussions internationales. Cette importance se note clairement dans les divers types d’engagements diplomatiques et l’éventail des partenariats qu’elle établit avec différents blocs politiques et pays au cours des trois dernières décennies.

En outre, l’Afrique est très attrayante, avec ses ressources naturelles et humaines abondantes. Sa population majoritairement jeune, dynamique et résiliente, son énorme potentiel de développement, de commerce et d’investissement, entre autres, sont quelques-uns des grands atouts et avantages concurrentiels du continent.

Diplomatie des Sommets: une Tentative de Rattrapage ?

Depuis que le Président Obama a organisé le premier Sommet avec le continent en 2014, dans le but de contribuer à ouvrir un nouveau chapitre dans les relations américano-africaines, les États-Unis ont perdu du terrain face à leurs “concurrents” en Afrique. Entre temps, le président Trump avait choisi de dénigrer les pays africains et interdit à nombre de leurs citoyens de se rendre aux États-Unis, et le président Biden n’a pas fait grand-chose jusqu’à présent pour montrer son engagement envers l’Afrique.

Au cours des deux dernières années seulement, l’Union européenne, le Royaume-Uni, la Turquie, l’Inde et le Japon ont tenu leurs sommets avec le continent. La Chine a organisé son quatrième Forum triennal sur la coopération sino-africaine (FOCAC) au Sénégal, et la Russie tiendra son deuxième sommet africain en 2023. La Chine a nettement approfondi ses relations avec l’Afrique. Ses échanges commerciales avec le continent ayant augmentées 35 % en 2021 pour atteindre un pic de 254 milliards de dollars en atteste largement. En outre, la Russie a fait des percées notoires, les mercenaires du groupe Wagner, soutenus par le Kremlin, opérant désormais dans pas moins de 18 pays africains, selon le Centre d’études stratégiques et internationales de Washington.

Les récents votes des pays africains à l’Assemblée générale des Nations unies sont assez édifiants et indique clairement que le continent ne peut plus être considéré comme acquis. Le Président Biden comprend donc certainement que l’Amérique doit rattraper son retard dans ses relations avec l’Afrique et, surtout, adopter une nouvelle approche et de nouveaux langages différents des pratiques de l’administration américaine précédente.

Qui est invité au Sommet, et qui ne l’est pas ?

49 dirigeants des 55 États membres de l’Union africaine ont été invités.  Les dirigeants du Mali, du Burkina Faso, du Soudan et de la Guinée, qui ont été suspendus de l’Union africaine, n’ont pas reçu d’invitation. L’autre critère d’invitation observé est inhérent à l’existence de relations diplomatiques. Le président Biden n’a, en effet, invité que les pays avec lesquels les États-Unis entretiennent des relations diplomatiques complètes. Actuellement, les États-Unis n’échangent pas d’ambassadeurs avec l’Érythrée et n’ont pas reconnu la République Arabe Sahraouie Démocratique en tant que pays ; par conséquent, bien que ces deux nations soient des membres réguliers de l’Union Africaine, elles n’ont pas été invitées. Curieusement, le Tchad a été invité bien que le dirigeant actuel du pays Mahamat Déby, ait récemment pris le pouvoir par un coup d’État, violant la constitution nationale et les règles de l’Union lorsque son père, Idriss Deby Itno, a été assassiné. L’Union Africaine n’a pas réussi à suspendre le Tchad à la suite du coup d’État, dans ce qui est considéré comme un double-standard politique.

Au-delà de la réunion des chefs d’État…

Le sommet de Washington impliquera aussi officiellement le monde des affaires, la société civile, la jeunesse et la diaspora africaine.

Un forum de la société civile sera organisé par l’USAID le 13 décembre 2022, avec la participation des représentants de la société civile et de certains dirigeants d’Afrique et des États-Unis. Le Forum proposera les sujets de discussion suivants : La participation inclusive dans la politique et la vie publique, la lutte contre la corruption, et les droits des travailleurs.

Un forum de la diaspora et de la jeunesse sera aussi organisé le 13 décembre 2022 : le forum des jeunes leaders d’Afrique et de la diaspora a pour objectif de rehausser le niveau d’engagement de la diaspora afin de renforcer le dialogue entre les responsables américains et la diaspora aux États-Unis et de fournir une plateforme aux jeunes leaders d’Afrique et de la diaspora pour élaborer des solutions innovantes aux défis urgents. L’Union africaine a identifié la diaspora africaine comme la sixième région du continent. La diaspora est, en effet, une ressource importante et une opportunité d’engagement dans le développement du continent. Le Forum comprendra des séances en petits groupes sur l’enseignement supérieur, les industries créatives et la justice climatique, sur le thème “Amplifier les voix : Construire des partenariats durables”.

Un forum des affaires sera organisé le 14 décembre 2022, par le ministère américain du commerce, la chambre de commerce américaine et le Corporate Council on Africa, en partenariat avec l’initiative Prosper Africa. Le Forum s’articulera autour de la promotion de partenariats bilatéraux en matière de commerce et d’investissement afin de renforcer le rôle de l’Afrique dans l’économie mondiale, développer l’innovation et l’esprit d’entreprise et favoriser les progrès dans des secteurs clés. Placé sous le thème “Partenariat pour un avenir prospère et résilient”, le Forum réunira des chefs d’État africains et des chefs d’entreprise et de gouvernement américains et africains afin de promouvoir des partenariats mutuellement bénéfiques qui créent des emplois et stimulent une croissance inclusive et durable des deux côtés de l’Atlantique.

Paix et sécurité : Il y aura un forum sur la paix, la sécurité et la gouvernance, avec des représentants des entités de développement, de défense et de diplomatie qui parleront des liens entre les institutions démocratiques, de la gouvernance, de la paix et la prospérité à long terme.

Commerce, santé, etc : Une réunion ministérielle sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique sera également convoquée par le représentant des États-Unis pour le commerce, ainsi qu’une réunion ministérielle sur la santé afin d’examiner comment les deux parties pourraient s’associer pour mettre en place des systèmes de santé plus résilients et équitables afin de relever les défis sanitaires actuels et futurs.

Il sera aussi important pour les dirigeants africains de discuter de la forme que prendra le dispositif AGOA après son expiration en 2025 et de la manière dont son successeur s’intégrera dans la nouvelle zone de libre-échange continentale africaine.

Le climat : Une session avec les ministres des affaires étrangères sera également organisée pour soutenir la conservation, l’adaptation aux changements climatiques et une transition énergétique juste, ainsi qu’un forum américano-africain sur l’espace civil et commercial pour discuter des objectifs partagés sur la crise climatique, la promotion d’un comportements responsables et le renforcement de la coopération sur les activités spatiales scientifiques et commerciales.

Sécurité alimentaire : Une session spéciale du sommet sera consacrée à la sécurité alimentaire et aux systèmes alimentaires, l’une des préoccupations les plus cruciales dans laquelle l’Afrique doit investir de toute urgence, mais aussi dans une perspective à long terme, et pour laquelle les États-Unis peuvent être un excellent partenaire. 

Autres événements parallèles : Plusieurs acteurs non étatiques prévoient différentes réunions thématiques en marge des rassemblements officiels afin d’influer sur les résultats du sommet. Pour en savoir plus sur ces réunions, cliquez ici.

Quelles priorités pour l’Afrique ?

Le prochain sommet des dirigeants américains et africains devrait se concentrer sur une vision globale à long terme d’une relation forte et stratégique entre les États-Unis et l’Afrique, afin d’assurer la prospérité collective des peuples américain et africain. Une telle relation devrait être fondée sur un respect mutuel absolu et des valeurs partagées.

Dans le cadre de la Diplomatie des Sommets en cours avec les différents blocs politiques, l’Afrique devrait toujours s’assurer que les 7 aspirations de son Agenda 2063 sont prises en compte. Nos dirigeants doivent les aborder clairement lors des prochaines discussions à Washington.

Voici 4 des questions les plus cruciales que le Sommet devrait prioriser :

1/ La Sécurité Alimentaire : Le paradoxe embarrassant à ce sujet est que, bien qu’elle possède plus de 60% des terres fertiles du monde, l’Afrique reste un importateur hors norme de nourriture, dépensant 35 milliards de dollars par an en importations alimentaires. La guerre en Ukraine compromet aussi certains approvisionnements du continent. Si rien n’est fait, des millions d’Africains risquent encore de tomber dans l’extrême pauvreté et la malnutrition. La conséquence directe de la hausse des prix des denrées alimentaires sera que moins de ménages africains pourront s’offrir des repas quotidiens décents. Les ménages en situation d’insécurité alimentaire sur le continent seront encore plus laissés à leurs sorts. Les taux de consommation baisseront, l’épargne s’épuisera, la dette augmentera et les actifs seront liquidés, ce qui risque d’accentuer l’instabilité sur le continent. Nous avons beaucoup de terres en Afrique, mais la plupart des agriculteurs utilisent encore des instruments rudimentaires pour l’agriculture. L’industrie agroalimentaire est peu développée en Afrique et se caractérise principalement par une transformation à petite échelle des produits agricoles, assurée par de petites unités aux capacités très limitées.

La Banque africaine de développement (BAD) dispose d’une stratégie pour la transformation de l’agriculture en Afrique dans le cadre de son High5. Lors de sa récente réunion annuelle à Accra, au Ghana, la BAD a lancé un programme de 1,5 milliard de dollar pour financer l’achat de denrées alimentaires pour les gouvernements à court d’argent vu la rapidité avec laquelle les prix augmentent. Il est urgent de donner la priorité aux investissements dans l’agriculture dès maintenant aux niveaux national et régional. Il est temps pour l’Afrique de se nourrir par elle-même. Le continent a besoin de ressources pour y parvenir, et les États-Unis peuvent l’appuyer financièrement et techniquement.

Le gouvernement des États-Unis a un fort pouvoir de pression pour soutenir ce processus. Le prochain sommet devrait donc être une occasion pour aborder la question de la fuite des capitaux d’Afrique comme un problème crucial pour l’avenir du continent et de la communauté mondiale.

2/ Le Financement du DéveloppementMettre fin aux flux financiers illicites pour stimuler l’industrialisation : Chaque année, 89 milliards de dollars quittent le continent africain sous forme de flux financiers illicites, selon le rapport de la CNUCED sur le développement économique en Afrique. Il s’agit de mouvements transfrontaliers d’argent et d’actifs dont la source, le transfert ou l’utilisation sont illégaux. Ils comprennent les capitaux illicites qui sortent du continent, les pratiques fiscales et commerciales telles que la facturation sous-facturation des expéditions commerciales, et les activités criminelles telles que les marchés illégaux, la corruption et les detournements.

APD contre FFIs : Le fait choquant est que les milliards perdus chaque année à cause des FFI sont presque égaux à l’aide publique au développement (APD) et aux investissements directs étrangers (IDE) réunis. Il s’agit d’opportunités de développement manquées. Ainsi, l’Afrique perd beaucoup plus d’argent à cause de la fuite des capitaux qu’elle n’en obtient à travers l’aide au développement, les emprunts extérieurs ou les investissements directs étrangers. L’arrêt des flux financiers illicites nécessite une coopération et des actions internationales, tant sur le continent qu’à l’extérieur. Chaque dollar qui quitte le continent est une occasion manquée d’investir dans des domaines tels que l’agriculture, la sécurité alimentaire, les services de santé et d’éducation, et les infrastructures.

Mandaté par l’Union Africaine et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, un groupe de haut niveau dirigé par l’ancient président Thabo Mbeki a formulé des recommandations pratiques pour lutter contre les FFI.  Nous devons revenir sur ces recommandations, les concrétiser et débloquer des ressources substantielles pour financer nos plans de développement.

3/ La jeunesse : l’emploi et le développent des compétences : La structure d’âge de notre population a un impact important sur notre développement économique. Le “dividende démographique” désigne les avantages économiques découlant d’une augmentation significative du nombre d’adultes en âge de travailler par rapport à ceux qui sont à charge. Ces adultes en âge de travailler doivent être en bonne santé, éduqués, formés, qualifiés et avoir un emploi décent, et d’autres opportunités économiques doivent être créées pour répondre à leurs demandes. Il ne suffit pas d’avoir une population jeune pour catalyser le développement et la prospérité.  Tous les pays africains doivent mettre en œuvre efficacement la feuille de route de l’Union Africaine pour tirer profit du dividende démographique en Afrique.

4/ Conflits : Au-delà des solutions militaires : L’Union Africaine elle-même a identifié plus de 20 conflits actuels dans les pays qui composent l’Union. 113 millions de personnes en Afrique ont actuellement un besoin urgent d’aide humanitaire. Les causes profondes de la plupart des conflits en Afrique se trouvent essentiellement dans l’extrême pauvreté, les profondes inégalités structurelles, la gestion inefficace des ressources naturelles et le changement climatique, entre autres. Les opérations militaires ne suffiront pas à apporter la paix en Afrique. Nous devons en priorité nous attaquer à la crise de la gouvernance, promouvoir une participation inclusive à la politique, fournir des services sociaux et stimuler le développement. Les interventions militaires ne doivent être qu’au service de cette approche.

Un mécanisme de redevabilité pour garantir la mise en œuvre des engagements du sommet Etats-Unis – Afrique.

Contrairement à d’autres sommets (TICAD, FOCAC, UE-UA, etc.), le sommet États-Unis-Afrique ne dispose pas d’un processus structuré de suivi, de mise en œuvre et de redevabilité. Le prochain sommet devrait examiner cette question de près et mettre en place un mécanisme de redevabilité mutuelle inclusif et impliquant les organisations de la société civile. 

Aujourd’hui, il est difficile de savoir précisément ce qu’il en est des engagements adoptés lors du sommet d’Obama en 2014. Le fait d’avoir près de 50 chefs d’État et de gouvernement, avec de grandes délégations qui se rendent à Washington en jets individuels, a un coût énorme pour le continent et le monde. Ce sommet devrait déboucher sur des actions concrètes et mesurables qui auront des impacts réels sur les populations des États-Unis et de l’Afrique.

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Access to Rights and Governance in the Context of Fragile States

By Désiré Assogbavi

It is universally accepted that human rights are indivisible and interdependent. It is not enough that rights are recognized in national law or policy rhetoric: there should be mechanisms for their full exercise by citizens with no discrimination. But how shall we deal with access to rights in fragile states?

A fragile state has a government is not able to deliver core functions to the majority of its populations. This is true for a wide range of situations, but usually involves a combination of weak administrative capacity and territorial reach, lack of state control over the use of violence, and the lack of accountability to populations, particularly poor and marginalized people. A state is fragile when it is unable to provide for the security and development of a majority of its citizens. A decade ago, most countries in fragile situations were low-income; today, a good number of them are middle-income countries.

The majority of citizens in highly fragile states are known to be poor, experience repeated violence, and suffer economic exclusion and inequality. Is fragility ever an excuse for a lack of respect for human rights, then?

Despite all principles supporting human rights, the reality is that in conflict and post-conflict situations, or other contexts of fragility, there is a breach of individual rights and personal security. In most cases, this includes the violation of a number of other rights due to weak state institutions and state’s inability (but also lack of political will) to meet the basic needs of the population.

Which rights must be met and which should be met, and when and by whom?

The very first step should be the observance of the core principles of human rights: equality, non-discrimination, participation, empowerment, and accountability. Inclusivity and non-discrimination, as well as transparency, are particularly helpful in reducing the tensions and frustration of rights holders, even when state institutions are not able to provide all the rights they are due. This is particularly true when various constituencies including civil society are given the chance to participate in the realization of rights and to promote the inclusive design and organization of democratic institutions such as electoral processes, so as to ensure and facilitate the involvement and participation of socially and economically marginalized and vulnerable groups. Such reform should include measures to support the ability of such groups to exercise their freedoms of association, assembly, and expression.

Prioritization and sequencing?

The International Bill of Human Rights – including the Universal Declaration of Human Rights, the International Covenant on Economic, Social and Cultural Rights, and the International Covenant on Civil and Political Rights – indicates a series of rights. But there is no guidance as to which comes first, especially today, when we are strongly convinced of the interdependency of those rights.

Some rights cannot be derogated

Some rights cannot be derogated: Article 4 (2) of the International Covenant on Civil and Political Rights sets out those groups of rights which can never be restricted or derogated. These include the rights to be free from arbitrary deprivation of life; torture and other ill-treatment; slavery, retroactive penalty, and the violation of freedom of thought, conscience, and religion. Article 4 provides for the derogation of other rights during periods of national emergency, under strictly limited circumstances.

In certain situations of the state’s incapacity or even total failure, it may not be possible to restore all services and meet all needs immediately. We are then forced to prioritize and determine which rights must be met first and which are to be realized over a certain timeframe. This is the concept of the progressive realization of rights.

The Covenant on Economic, Social and Cultural Rights allows for the progressive realisation of those rights over time, subject to some limitations (mentioned above). Some economic rights must be met at all times, however, including basic requirements for food and shelter.

Whose responsibility?

Unless we get to a situation of the total inexistence of a government, the state has the responsibility to respect the fundamental rights of citizens regardless of the situation. Fundamental rights are not favors given by the state or the government; they are duty, and those in power must account for this duty.

Fragile states may not have the institutional means to meet all of their rights obligations in a particular period, but it has become common to see other actors taking over some of the duties of the state in terms of meeting basic rights. This seems to be the only way to deal with the situation, and there is still room for improvement.

Different UN bodies have the duty to ensure the protection of rights, depending on the situation. These include the Security Council, with or without the consent of national authorities, the General Assembly, ECOSOC, etc. This protection is normally provided through various forms of intervention within the framework of “peace missions”: Human Rights Rapporteurs, ad hoc Commissions of Inquiry, etc. The UN can also send a mission to assume administrative authority in the state (Côte d’Ivoire, Kosovo, East Timor). But political and ideological interests should have a diminishing influence on any of the solutions, and only a better configuration of the UN Security Council can allow this to happen.

Responsibility of other actors?

Civil Society/NGOs: Because of their flexibility and ability to rapidly respond to crises (less bureaucratic, less driven by politics and interests, ability to mobilize resources) coupled with their experience as well as professional staff, NGOs are playing a growing role in the realization of rights in all situations, especially in fragile contexts. They must be encouraged and empowered to continue playing that role in the post-2015 era. The current shrinking of their space, especially in Africa, must be strongly combatted by all means national, regional and international.

The watchdog role of CSOs in monitoring public and private actors should be of great interest, as it can catalyze accountability for the respect or implementation of human rights, particularly in the context of fragility. It must be strongly supported by all stakeholders.

What about business? The UN Guiding Principles require business, as specialized organs of society performing specialized functions, to comply with all applicable laws, including international laws, and to respect human rights. This applies regardless of a state’s ability and/or willingness to fulfill its own human rights obligations. But when businesses have become part of the problem, then something must be done to change their accountability as we enter the post-2015 zone. Multinationals occur in an number of fragile contexts, and have been seen taking advantage of these areas in a variety of ways, mostly in conflict zones, as catalyzers or perpetuators of the fragility of the state. Their actions have included deal making with arms groups and governments in the Democratic Republic of Congo, Central African Republic, South Sudan, and others.

Every year, fifty billion US dollars disappear from Africa through illicit financial flows. At least 70% of these outflows are from extractive industries, some of them in fragile states where national budgets do not meet basic economic rights. Countries like the United States have taken interesting steps to tackle this issue, but we need global coordinated action.

About the Author

Desire Assogbavi is a Lawyer from Togo and currently the Resident Representative of Oxfam International to the African Union in Addis Ababa, Ethiopia. He was formally a Commissioner at the National Human Rights Commission and the National Inter-Ministerial Commission on International Humanitarian Law of Togo

The views expressed in the article are entirely those of the author and are not necessarily the views of his organization.

La Journée de l’Afrique 2015: De l’OUA… retour à l’OUA?

La Journée de l’Afrique est célébrée chaque année le 25 mai. Elle marque la fondation de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) le 25 mai 1963. Ce jour-là, les dirigeants de 30 des 32 Etats africains indépendants ont signé la charte fondatrice de l’OUA à Addis-Abeba, en Ethiopie. En 2002, l’OUA a été officiellement remplacée par l’Union africaine (UA).

Alors que les principaux objectifs de l’OUA étaient de débarrasser le continent des vestiges de la colonisation et de l’apartheid ainsi que de promouvoir l’unité et la solidarité entre les États africains, la nouvelle Union Africaine visait “une Afrique intégrée, prospère et en paix, tirée par ses propres citoyens et représentant une force dynamique dans l’arène internationale ».

Nous pouvons donc conclure que l’OUA a atteint ses principaux objectifs en assurant la pleine indépendance politique du continent et en contribuant à éliminer l’apartheid en Afrique du Sud. Franchement parlant, l’OUA n’a jamais été question de démocratie ou la participation des citoyens. L’OUA était une organisation de dirigeants africains, dont la majorité avait pris le pouvoir par la lutte politique ou par la force.

Lors du Sommet l’Union Africaine à Lomé en 2000, lorsque le nouvel Acte constitutif de l’UA a été adopté, Alors que j’etais responsable du département « Formation Civique » de la radio national du Togo “Radio Lomé”, j’ai diffusé une émission radio intitulée “De l’Union des Chefs d’Etat à l’Union des Citoyens ». Je me souviens encore de l’excitation et du grand espoir des citoyens africains à faire partie d’une nouvelle organisation continentale qui vise la sécurité humaine, la prospérité, le développement et la participation citoyenne.

Comment se portent aujourd’hui l’Union africaine et ses États membres depuis sa mise en place en 2002 pour ouvrir les portes de la prospérité, la sécurité la paix,  la démocratie et les droits de l’homme sur notre continent? Les citoyens ont – ils véritablement eu la chance de participer pleinement? Quid de la mise en œuvre des principes clés qui assureront une Afrique démocratique, respectueux des droits de l’homme et des peuples, et, pouvant débloquer le potentiel du développement? Qu’y a-t-il de la gestion responsable de nos ressources humaines et naturelles pour le bénéfice du continent et de ses filles et fils ?

Aujourd’hui, quand je regarde le Burundi, la RDC, le Togo, l’Ouganda, le Congo, le Soudan, le Soudan du Sud, le Zimbabwe, la Libye, le Cameroun, la Gambie … pour ne citer que quelques-uns, ma question est la suivante: 15 ans après la Déclaration de Lomé, avons vraiment fait chemin vers  l’UA? Ou sommes-nous toujours en train d’osciller autours des pratiques de l’OUA?

Quand je me souviens que 40.000 citoyens africains ont péri dans la mer Méditerranéenne au cours des 15 dernières années (2000 morts depuis Janvier 2015) en essayant de fuir le continent, je me demande si nos dirigeants sont vraiment fiers d’eux-mêmes.

Quand je vois le Président Burundais jouer au football publiquement avec ses amis lorsque plus de 110.000 de ses con-citoyens, y compris les enfants non-accompagnés se perdent dans les collines cherchant  refuge dans les pays voisins, fuyant la persécution … et, au moment où la protestation  se poursuivait, la police tirant à balles réelles et des dirigeants de l’opposition assassinés dans la ville … ma question: Est-ce l’Afrique que nous voulons pour le 21e siècle?

34 des 54 pays africains sont appelés «pays les moins avancés” dans un continent très riche, quand au moins 1 milliard de dollars sortent illégalement  du continent sous la forme de flux financiers illégaux chaque jour par des multinationales avec la complicité  de leurs pays d’accueil et bien sûr aussi de notre propre leadership.

L’Afrique possède  plus de 90% des ressources de chrome dans le monde, 85% de sa platine, 68% de cobalt, 54% d’or, en plus d’importantes réserves de pétrole et de gaz. Notre continent abrite également  des dépôts d’uranium, de manganèse, de diamants, de bauxite et de phosphate en très grandes quantité et qualité.

Dans l’ensemble, lorsque je constate le silence et l’hésitation de nos institutions régionales et pan africaines pour hausser le ton et prendre des mesures concrètes, je me sens terriblement triste, j’ai honte de mon continent, et je suis révolté ….

La Journée de l’Afrique 2015 devrait être un moment de réflexion continental … Le 25 mai n’est observé comme un jour férié que dans cinq pays africains: le Ghana, le Mali, la Namibie, la Zambie et le Zimbabwe. Elle doit être une journée de réflexion et d’action continentale.

Le Sommet des Chefs d’État  de l’UA qui se tiendra en Afrique du Sud dans quelques semaines est une occasion pour nos dirigeants d’examiner  leurs responsabilités et de prendre des décisions audacieuses.

Cette année et l’année à venir (2016: Année de droits de l’homme) devraient être des années pour nouvelle révolution des citoyens africains. Les partenaires du monde entier doivent soutenir fermement Une citoyenneté active, y compris les actions pour revendiquer et obtenir des comptes des détenteurs du pouvoir et la mise en œuvre de nos valeurs communes. Sans cela, notre Agenda 2063 sera un document vide et un pur mensonge pour les générations futures.

Je crois fermement que si le système de gouvernance est amélioré dans le continent, l’Union africaine et ses communautés régionales commencent à jouer leur rôle pleinement et véritablement en mettant la pression sur les gouvernants nationaux en vertu des principes adoptés, les traités et conventions; si les citoyens y compris les jeunes sont mobilisés et solidaires  nous verrons un meilleur continent émerger dans quelques années.

Bonne Journée de l’Afrique !

NB : Mes réflexions sont absolument personnelles en n’engagent pas mon organisation.