La Journée de l’Afrique 2015: De l’OUA… retour à l’OUA?

La Journée de l’Afrique est célébrée chaque année le 25 mai. Elle marque la fondation de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) le 25 mai 1963. Ce jour-là, les dirigeants de 30 des 32 Etats africains indépendants ont signé la charte fondatrice de l’OUA à Addis-Abeba, en Ethiopie. En 2002, l’OUA a été officiellement remplacée par l’Union africaine (UA).

Alors que les principaux objectifs de l’OUA étaient de débarrasser le continent des vestiges de la colonisation et de l’apartheid ainsi que de promouvoir l’unité et la solidarité entre les États africains, la nouvelle Union Africaine visait “une Afrique intégrée, prospère et en paix, tirée par ses propres citoyens et représentant une force dynamique dans l’arène internationale ».

Nous pouvons donc conclure que l’OUA a atteint ses principaux objectifs en assurant la pleine indépendance politique du continent et en contribuant à éliminer l’apartheid en Afrique du Sud. Franchement parlant, l’OUA n’a jamais été question de démocratie ou la participation des citoyens. L’OUA était une organisation de dirigeants africains, dont la majorité avait pris le pouvoir par la lutte politique ou par la force.

Lors du Sommet l’Union Africaine à Lomé en 2000, lorsque le nouvel Acte constitutif de l’UA a été adopté, Alors que j’etais responsable du département « Formation Civique » de la radio national du Togo “Radio Lomé”, j’ai diffusé une émission radio intitulée “De l’Union des Chefs d’Etat à l’Union des Citoyens ». Je me souviens encore de l’excitation et du grand espoir des citoyens africains à faire partie d’une nouvelle organisation continentale qui vise la sécurité humaine, la prospérité, le développement et la participation citoyenne.

Comment se portent aujourd’hui l’Union africaine et ses États membres depuis sa mise en place en 2002 pour ouvrir les portes de la prospérité, la sécurité la paix,  la démocratie et les droits de l’homme sur notre continent? Les citoyens ont – ils véritablement eu la chance de participer pleinement? Quid de la mise en œuvre des principes clés qui assureront une Afrique démocratique, respectueux des droits de l’homme et des peuples, et, pouvant débloquer le potentiel du développement? Qu’y a-t-il de la gestion responsable de nos ressources humaines et naturelles pour le bénéfice du continent et de ses filles et fils ?

Aujourd’hui, quand je regarde le Burundi, la RDC, le Togo, l’Ouganda, le Congo, le Soudan, le Soudan du Sud, le Zimbabwe, la Libye, le Cameroun, la Gambie … pour ne citer que quelques-uns, ma question est la suivante: 15 ans après la Déclaration de Lomé, avons vraiment fait chemin vers  l’UA? Ou sommes-nous toujours en train d’osciller autours des pratiques de l’OUA?

Quand je me souviens que 40.000 citoyens africains ont péri dans la mer Méditerranéenne au cours des 15 dernières années (2000 morts depuis Janvier 2015) en essayant de fuir le continent, je me demande si nos dirigeants sont vraiment fiers d’eux-mêmes.

Quand je vois le Président Burundais jouer au football publiquement avec ses amis lorsque plus de 110.000 de ses con-citoyens, y compris les enfants non-accompagnés se perdent dans les collines cherchant  refuge dans les pays voisins, fuyant la persécution … et, au moment où la protestation  se poursuivait, la police tirant à balles réelles et des dirigeants de l’opposition assassinés dans la ville … ma question: Est-ce l’Afrique que nous voulons pour le 21e siècle?

34 des 54 pays africains sont appelés «pays les moins avancés” dans un continent très riche, quand au moins 1 milliard de dollars sortent illégalement  du continent sous la forme de flux financiers illégaux chaque jour par des multinationales avec la complicité  de leurs pays d’accueil et bien sûr aussi de notre propre leadership.

L’Afrique possède  plus de 90% des ressources de chrome dans le monde, 85% de sa platine, 68% de cobalt, 54% d’or, en plus d’importantes réserves de pétrole et de gaz. Notre continent abrite également  des dépôts d’uranium, de manganèse, de diamants, de bauxite et de phosphate en très grandes quantité et qualité.

Dans l’ensemble, lorsque je constate le silence et l’hésitation de nos institutions régionales et pan africaines pour hausser le ton et prendre des mesures concrètes, je me sens terriblement triste, j’ai honte de mon continent, et je suis révolté ….

La Journée de l’Afrique 2015 devrait être un moment de réflexion continental … Le 25 mai n’est observé comme un jour férié que dans cinq pays africains: le Ghana, le Mali, la Namibie, la Zambie et le Zimbabwe. Elle doit être une journée de réflexion et d’action continentale.

Le Sommet des Chefs d’État  de l’UA qui se tiendra en Afrique du Sud dans quelques semaines est une occasion pour nos dirigeants d’examiner  leurs responsabilités et de prendre des décisions audacieuses.

Cette année et l’année à venir (2016: Année de droits de l’homme) devraient être des années pour nouvelle révolution des citoyens africains. Les partenaires du monde entier doivent soutenir fermement Une citoyenneté active, y compris les actions pour revendiquer et obtenir des comptes des détenteurs du pouvoir et la mise en œuvre de nos valeurs communes. Sans cela, notre Agenda 2063 sera un document vide et un pur mensonge pour les générations futures.

Je crois fermement que si le système de gouvernance est amélioré dans le continent, l’Union africaine et ses communautés régionales commencent à jouer leur rôle pleinement et véritablement en mettant la pression sur les gouvernants nationaux en vertu des principes adoptés, les traités et conventions; si les citoyens y compris les jeunes sont mobilisés et solidaires  nous verrons un meilleur continent émerger dans quelques années.

Bonne Journée de l’Afrique !

NB : Mes réflexions sont absolument personnelles en n’engagent pas mon organisation.

Burundi: The African Union Must Catch Up Quickly!

La version en Français ici: wp.me/p4ywYV-4J

The situation in Burundi is becoming more and more serious. Police is firing live ammunitions at protesters; armed militias are terrorizing citizens. 24,000 people have already fled the country, including mayors of some areas … At least 12 people have died dozens were seriously injured and over 600 arrested and detained in inhumane conditions…

Yesterday, the Vice President of the Constitutional Court of Burundi Sylvère Nimpagaritse denounced pressures and death threats on his person during the assessment of the constitutionality of 3rd term of the incumbent president. He then fled the country. During deliberations of the Court, while 4 out of 7 members thought the 3rd mandate is unconstitutional, the court deferred its decision. Thus, the death threats started by the government … It is now clear that this court is no more credible and none shall consider its decisions.

The African Union Must Catch up

In its communiqué of 28 April 2015, The Peace and Security Council (PSC) of the African Union has merely ” took note that the Burundian Senate has seized the Constitutional Court on the interpretation of the Constitution regarding the eligibility of President Pierre Nkurunziza’s candidature for re-election and urged all Burundian stakeholders to respect the decision of the Constitution”. The Chairperson of the AU Commission took the same position on her Twitter account a few days before… I had already found this position as weak and ineffective in view of the gravity of the situation on the ground, being aware of the strong influence of the political authorities on the State institutions. Limiting the solution of the Burundian problem to the decision of the current Constitutional Court is simply paving the way for a constitutional coup by the current authorities.  Everyone knows about this practice in many countries in our continent.

Given the gravity of the situation in Burundi, it is no longer enough to just ask the “stakeholders to respect the constitution and the Arusha Agreements.” The African Union must be clear and state that a 3rd term is purely against the constitution and the spirit of the Arusha Agreement.

I believe that the African Union has a certain influence on Burundi. In the past, the AU has led with success a peacekeeping operation in Burundi. The AU has invested its troops and resources in Burundi. Today, the African Union must avoid hesitation and be categorical. We can no more allow a new civil war in Burundi. Our continent has no mean to handle it. We already have too many problems to solve; too many challenges to face. The last civil war in Burundi killed 250,000 people.

Now that the Constitutional Court has no more credibility, the African Union and the PSC must seek advice of their legal bodies on the constitutionality of the 3rd term in Burundi in order to fix this issue once and for good. It is a historic responsibility. Yesterday our continental body missed similar opportunity in Burkina Faso until citizens ousted their dictator. Today a new opportunity shows up for the African Union to join the rest of the world and isolate President Nkurunziza.

The risk of a military coup in Burundi is very high right now. We should not get there. Africa must stop projecting the image of a continent with brutal methods. Political isolation of President Nkurunziza by the African Union will certainly force him to pull back…

The Peace and Security Council must meet urgently to denounce the interference of the Burundian authorities in the functioning of the Constitutional Court, dissociate itself from any decision of a court being ordered by the political power and declare the 3rd term unconstitutional and against the Arusha Agreements.

Note: My opinions are absolutely personal and do not commit my organization

L’Union Africaine doit Sauver le Burundi en Urgence !

English version here: wp.me/p4ywYV-4S

La situation au Burundi devient de plus en plus grave. La police tire à balle réelle sur les manifestants, les milices armées par le pouvoir en place terrorisent les populations. 24,000 personnes ont déjà fui le pays y compris des maires des localités… Au moins 12 personnes ont déjà trouvé la mort des dizaines sont gravement blessées et plus de 600 personnes arrêtées et détenues dans des conditions inhumaines…

Hier, le vice-président de la Cour Constitutionnelle du Burundi Sylvère Nimpagaritse a dénoncé des pressions et menaces de mort sur sa personne dans le cadre de l’évaluation de constitutionalité de la 3eme candidature du président sortant, et a fui le pays.  Lors des délibérations de la Cour, alors que 4 membres sur 7 pensaient que le 3eme mandat est inconstitutionnel, la cour a reporté sa décision. Dès lors, les menaces de mort ont commencé de la part du pouvoir en place… Il est désormais claire que cette cour n’est plus crédible et personne ne dois plus prendre en compte sa décision.

L’Union Africaine doit vite se rattraper !  

Dans son communique du 28 Avril 2015, le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine s’est borné à « prendre note de la saisine de la Cour Constitutionnelle par le Sénat burundais pour l’interprétation de la Constitution du Burundi en ce qui concerne la recevabilité de la candidature du Président Nkurunziza pour réélection », en demandant aux parties prenantes burundaises de respecter la décision que prendra la Cour Constitutionnelle. La Présidente de la Commission de l’Union Africaine a pris la même position sur son compte Twitter quelques jours au paravent… J’avais déjà jugé cette position de faible et inefficace eu égard à la gravité de la situation sur le terrain étant conscient de la mainmise des autorités politiques  sur les institutions de l’Etat.  Ramener la solution Burundaise à la décision de la « Cour constitutionnelle c’est tout simplement paver la voie au coup d’état constitutionnel du Président Nkurunziza ; tout le monde connait cette pratique de certains pouvoirs africains.

Face à la gravité de la situation au Burundi, il ne suffit plus de demander  aux «parties prenantes de respecter la constitution et les accords d’Arusha». L’Union Africaine doit être claire en déclarant que le 3eme mandat est inconstitutionnel et contre les accords d’Arusha.

Je crois que L’Union Africaine a une influence certaine sur le Burundi, l’Union y a mené dans le passé, avec un certain succès des opérations de maintien de la   paix, l’Union y a investi ses hommes et ses ressources. Aujourd’hui,  l’Union Africaine doit éviter la tergiversation et être catégorique. Il n’est pas question de laisser une nouvelle guerre civile se déclencher au Burundi. Notre continent n’a pas de moyen pour la gérer. Nous avons déjà trop de problèmes à régler ; trop de défis à relever. La dernière guerre civile au Burundi avait fait 250,000 morts.

L’Union Africaine et le CPS devraient avoir demandé l’avis de leurs organes juridiques sur la constitutionalité du 3eme mandat au Burundi et en découdre une fois pour de bon. C’est une responsabilité historique. Hier, notre institution continentale a raté l’occasion de s’imposer au Burkina Faso jusqu’à ce que les citoyens Burkinabè aient chassé eux-mêmes leur dictateur. Aujourd’hui une nouvelle chance s’offre à l’Union Africaine  de se joindre au reste du monde pour isoler le Président  Nkurunziza.

Le risque d’un coup d’état au Burundi est très grand en ce moment. Il ne faut absolument pas en arriver. L’Afrique doit cesser de projeter l’image d’un continent aux méthodes brutales. Une isolation politique  et catégorique du Président Nkurunziza par l’Union Africaine pourra certainement le faire fléchir….

Le Conseil de Paix et de sécurité doit se réunir d’urgence  pour dénoncer l’entrave des autorités burundaise au fonctionnement de la Cour Constitutionnelle, se désolidariser de toute décision d’une Cour aux ordres du pouvoir politique et  déclarer le 3eme mandat inconstitutionnel et contre les accords d’Arusha.    

NB : Mes opinons sont absolument personnelles et n’engagent en rien mon organisation.  

Burundi is burning – Act NOW!

We cannot afford another conflict in Africa at this time. Burundi came from very far and it took a lot of resources, energy and human life to get to the Arusha Peace Agreement. The whole Africa, the African Union and other International actors must standup and be clear on this: No possibility for 3rd term! Please, no more diplomatic or ambiguous language! Citizens are being killed in Bujumbura now; the risk for another human made disaster is very high. Our continent already has enough challenges to face.

The Peace and Security Council must clearly say NO to a 3rd mandate. We have no resources for an additional peace enforcement mission. African cannot continue wasting its resources to make peace while it is easier to abide to democratic principles and our shared values. We need our resources to boost development and take care of our populations, provide free universal health care, promote education, science and technology etc. in order to reach our 2063 targets.

Me must not keep silence and let innocent populations being killed over and over again because of the selfishness of a few leaders. A strong position of the African Union against Nkurunziza’s move for a 3rd term can have an influence. Burkina Faso was a missed opportunity; our Continental Body must seize this one…

Burundi may not be like Burkina Faso because a lot fire arms are circulating there. We may not be able to stop it once it gets worst and the whole region will be affected… So, no time to waste – Act now !